Spinoza ou l'autre (in)finitude
Pourquoi Spinoza ne cesse-t-il de nous provoquer à penser aujourd'hui encore ? Pourquoi des philosophes aussi différents, voire opposés, que Gilles Deleuze, Louis Althusser, Toni Negri cherchent-ils encore en sa pensée des éléments pour donner à la perspective de l'émancipation une nouvelle impulsion, un nouveau souffle ?
Cet ouvrage tente de donner une réponse motivée à cette question qui défie les traditions interprétatives. Spinoza est un moderne atypique, critique des impasses d'une certaine modernité, mais irréductible au relativisme et au scepticisme des post-modernes. Il déconstruit à la fois la métaphysique des Anciens et celle des Modernes en montrant la dépendance qui les soumet toutes deux au complexe théologico-politique.
Inscrite dans le courant le plus radical des Lumières, la pensée-Spinoza éclaire ces Lumières sur leurs ombres. Son ressort consiste à penser la finitude contre la démesure de tout projet de maîtrise des choses et des hommes. Mais elle n'exclut pas l'infini, elle l'implique. Si le monde humain n'est pas un empire dans un empire, il demeure une partie finie indéfiniment en procès d'actualisation dans l'infini de l'affirmation neutre de l'être. Un rationalisme de la finitude positive en somme.