Spiritualité traditionnelle et christianisme chez les Montagnais
Les Montagnais sont des Amérindiens qui vivent de la chasse et de la pêche et qui se déplacent à la poursuite du gibier dans le Grand Nord québécois. Evangélisés par les Jésuites, puis par les Oblats de Marie Immaculée, ils se convertirent très tôt au christianisme après l'implantation française au Québec. Les missionnaires les rencontraient une à deux semaines par an aux postes de traite des fourrures, puis à des missions aux endroits de la côte du Saint-Laurent vers laquelle ils convergeaient à la belle saison ; le reste de l'année, les Montagnais vivaient leur christianisme de façon autonome. Les missionnaires leur enseignèrent la lecture et l'écriture afin qu'ils puissent utiliser les livres de prières et de chants qu'ils emportaient avec eux.
Des versions renouvelées d'un de ces ouvrages, dont les prières ont un caractère unique, sont toujours utilisées dans les communautés montagnaises de la côte nord du Saint-Laurent. A partir de cette source bibliographique et de ce que l'on sait de leur mode de vie, l'auteur étudie la manière dont leur spiritualité traditionnelle marqua leur compréhension du christianisme et dont les aspects essentiels de leur analyse du réel se sont retrouvés dans la foi exprimée par leurs prières. Cette continuité entre christianisme et foi traditionnelle témoigne de la réalité d'un christianisme montagnais propre. La prédication missionnaire qui suivit l'implantation française en Amérique du Nord ne sépara donc pas ce peuple de ses racines spirituelles puisque des éléments spécifiques de sa culture intervinrent dans leur prise en compte de la religion qu'on leur enseignait.
En même temps, ce livre nous introduit dans la vie des « hommes » (inuk), qui vivent sur le « dos du Monde ».
En première page de couverture : femmes montagnaises (Archives nationales du Québec. Photographie Paul Provencher, 1954)