Goncourt, Renaudot, Medicis... et quelques milliers d'autres. Depuis 1903 et la création par les frères Goncourt de leur ancêtre à tous, les prix se sont multipliés et donnent le ton de la vie littéraire en France. Les éditeurs lorgnent les récompenses, les écrivains et écrivaines acceptent sans (trop) rechigner le verdict - rares sont celles et ceux qui refusent l'honneur -, la presse en fait son miel et les bandeaux promotionnels drapent les couvertures des lauréats.
S'ils constituent un mode de financement parallèle de la littérature, l'aubaine d'un mécénat qui se voudrait « démocratique », Arnaud Viviant montre qu'il n'y a pas là qu'une affaire d'argent. Grâce au scrutin universel et aux moeurs électorales qui en découlent, où la petite corruption comme la grande honnêteté ont toujours su tenir leur rang, les prix littéraires forment l'un des piliers de ce qu'on appelle la République des lettres : c'est-à-dire une modélisation littéraire de la République française qui, plus que toute autre au monde, s'imagine lettrée.