Les études réunies dans ce volume évoquent quelques thèmes surprenants
et paradoxaux de l'oeuvre de Stendhal.
La tendresse féminine devient un héroïsme dans la société moderne,
brutale, vulgaire et misogyne. L'héroïne aristocratique confirme sa
noblesse en imposant à l'histoire de revenir en arrière et de répéter les
exploits de ses ancêtres. «Dans tout Stendhal, souligne l'auteur, l'aristocratie
est femme ou la femme est aristocratique, c'est une vérité politique
et historique, l'homme de l'aristocratie révèle le déclin de sa classe, la
femme en est l'ultime gloire.» Quant au condamné à mort stendhalien,
son bonheur peut se trouver «dans le voisinage de la mort», même au
pied de l'échafaud. «Les situations extrêmes, les pires dangers produisent
chez Stendhal, écrit M. Crouzet, l'exaltation la plus intense de la vie.»
C'est bien pour cela qu'il faut imaginer Julien Sorel heureux au moment
où il s'avance vers la guillotine. Enfin l'auteur s'attarde longuement
sur le personnage du banquier auquel il confie paradoxalement un rôle
héroïque tant il vrai qu'il est le seul à pouvoir comprendre le non-sens
de l'argent et à s'en libérer.
Puis viennent les grandes notions de Stendhal ; anti-social et a-social,
l'auteur découvre dans la nation la seule forme valable de vie collective ;
elle seule contient un dynamisme producteur d'hommes et d'oeuvres.
«L'idée de nation a dans tout Stendhal, résume Michel Crouzet, une
place si considérable, qu'on la rencontre à chaque pas, que la matière
littéraire qu'il élabore est largement une matière nationale : ou bien la
nation est peut-être par excellence une réalité littéraire et esthétique.»
Enfin, Stendhal, qui est athée, découvre dans le catholicisme la seule
religion qui transforme les passions sans les supprimer et qui admette
l'amant aussi bien que l'artiste.