Les études réunies ici portent sur une vaste partie de l'oeuvre de Stendhal souvent presque occultée, c'est l'oeuvre égotiste prise au sens strict (journal, autobiographie) et au sens large (voyage, pamphlet), l'oeuvre consacrée au moi de l'auteur on impliquant fortement sa présence. Ces écrits appartiennent incontestablement à la littérature, et l'auteur y est bien à des titres divers l'homme qui les écrit ou qui s'écrit en elles. Difficile en effet de faire de Stendhal un ectoplasme scripturaire, un pur exposant du texte. Dans cette relation, de quel homme s'agit-il et de quelle oeuvre ? Celle-ci relève d'une définition par le genre, plus précisément par le genre d'écriture et le traditionnel concept d'thos, où se définit un comportement à la fois éthique et stylistique ; qui est à l'origine du texte est induit du texte l'homme, le moi, seul porteur du texte et porté par lui seul, est et n'est pas l'individu-auteur, il est le créateur de cette poétique du moi qui le crée, il naît de l'oeuvre née de lui. Le journal d'emblée agit comme une ruse de l'écriture : pour fonder son être, le jeune Henri Beyle fonde l'écriture de Stendhal. Tout repose alors sur la notion paradoxale de naturel qui relève d'une tradition classique et aristocratique, et qui est le carrefour central de ces études ; il conduit au respect de la pure spontanéité comme à un travail de maïeutique du moi, qui peut l'identifier à un type d'expressivité (ainsi le fragment, autre trait commun aux divers chapitres) et plus profondément à l'écriture de la liberté, ou à la stylistique considérée comme un acte de libération.