« Il nous faut reconnaître que les expériences temporelles des camerae obscurae et des sténopés appartiennent à des paradigmes distincts, animés par une dialectique de l'observation et de l'enregistrement. L'une des problématiques abordées ici tente à la fois de démontrer que la camera obscura et le sténopé n'appartiennent pas à une même lignée technique, et vise à comprendre pourquoi la « mythographie » de la camera obscura, toujours très active, a étrangement entretenu la légende du sténopé. »
L'expérience des sténopés a révélé que leur histoire incorporée à celle de la camera obscura relevait d'une vision rétrospective empêchant d'apprécier à la fois leur évolution respective en tant qu'objets techniques et leur potentialité créative. En recherchant pourquoi leurs histoires fusionnaient si souvent, un récit machinique passionnant et très rarement pris en compte a été mis à jour. Ainsi, les sténopés se sont révélés modernes et non a-techniques, complexes et non primitifs, associés malgré eux et par défaut à des pratiques photographiques pensées « pauvres ».
En reliant aujourd'hui ces sténopés à une lignée technique de systèmes optiques diffractifs, il a été possible de questionner non seulement une nouvelle dialectique de l'observation et de l'enregistrement mais aussi de comprendre des enjeux visuels encore peu explorés, témoins d'un profond changement de paradigme affectant les pratiques de photo argentique et numérique.