Strangulation
On peut avoir grandi dans le confort feutré de l'aristocratie bordelaise, avoir rêvé toute son enfance à de grands départs, le regard porté sur les bateaux s'élançant vers l'Atlantique, et ne rien faire de sa vie. Ou si peu.
Jean a quitté Bordeaux à vingt ans pour aller flâner sur les quais de Paris. Lui qui se pique de littérature pourrait côtoyer la bohème de la Belle Époque, mais il passe à côté sans la voir. Il écrit des lettres à sa mère et lui raconte ses journées de fonctionnaire à la préfecture, lui donne des nouvelles de son petit singe dont la compagnie le distrait, évite de mentionner ses heures d'errance vaine, ment parfois pour ne pas l'inquiéter.
C'est avec une plume précise et baroque, trempée dans l'humour noir, que Mathieu Larnaudie relate les fantaisies et démystifie les fantasmes de son jeune dandy impuissant à rencontrer son époque comme sa propre existence. À la fois détournement et hommage aux récits décadents de la fin du XIXe siècle, Strangulation compose une fiction originale qui interroge brillamment l'art du roman.