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Alors que la notion meme de litterature suppose un travail d'ecriture et pose le probleme du statut de l'ecrivain, on s'interroge rarement sur les structures mentales que requiert l'acte d'ecrire, sur l'ecrit comme instrument de communication, voire d'action, sur les ressources de l'ecrit. Ces questions sont d'une importance toute particuliere pour Rome et dans le moment charniere constitue par la fin de la Republique. Comment Rome est-elle passee d'une societe largement orale au debut de la Republique a une societe ou l'on a eu, comme le dit Horace, la fureur d'ecrire? Pourquoi certains auteurs ont-ils voulu conserver certaines de leurs oeuvres par ecrit? Comment les Romains ont-ils abandonne un certain dedain a l'egard de l'ecrivain pour admettre une veritable gloire litteraire et permettre a l'auctor de se hisser presque au meme rang que le magistrat et le chef d'armee? Partant du choc culturel qu'a represente l'ambassade de Carneade en 155 et se poursuivant jusqu'a la fin de l'epoque ciceronienne, cet ouvrage brosse le tableau des evolutions qu'ont connues durant cette periode les statuts successifs ou concomitants de l'ecrivain et de l'ecrit, la hierarchisation des oeuvres et des genres, la nature du lectorat qu'il faut voir comme un co-auteur ou co-acteur de l'oeuvre. L'etude proposee montre en particulier combien les evenements historiques, les mutations societales, l'evolution des mentalites ont modifie le rapport a l'ecriture et a l'ecrit des auteurs et des lecteurs, la maniere de concevoir des discours, des ouvrages historiques, des traites, des poemes et des pieces de theatre. Pour cette enquete, les oeuvres perdues et les oeuvres conservees ont ete traitees, autant que faire se peut, a egalite, les analyses litteraires ont ete conjuguees a des analyses sociologiques et historico-politiques qui interesseront, au-dela des specialistes de litterature antique, de philologie, d'histoire romaine, un public large d'etudiants de Lettres et d'Histoire ancienne. Il convient de lire cet ouvrage non comme une histoire de la litterature latine qui viendrait s'ajouter a tant d'autres, mais comme une histoire des ecrivains qui ont fait, dans les deux derniers siecles de la Republique, la litterature ecrite et ont ete les acteurs d'une veritable revolution culturelle.