De retour à Rome après vingt ans d'absence dans le cadre d'un projet
personnel, l'auteur redécouvre une ville qui le fascine et le trouble, tant par
les différences qu'il constate entre ses souvenirs et la réalité, que par la
permanence de l'histoire - "l'immobilité de Rome est aussi légendaire
que son éternité" -, le génie de lieux souvent inattendus et l'immense
appétit de vivre des Romains qu'il apprend à reconnaître sous les traits de
la ville actuelle. Ce récit à caractère autobiographique, issu d'un journal
tenu dans l'urgence du quotidien, propose une "lecture de ville" entre
tendresse et nostalgie, mémoire et avenir. Nourri de promenades et de
réflexions au fil des quartiers de Rome, de Flaminio au Testaccio, du Rione
Monti à Garbatella, il constitue un contrepoids réaliste à la dolce vita
supposée de la quotidienneté romaine.
"Par la fenêtre du train qui mène de l'aéroport à Termini, le paysage
périurbain défile. Le visage de C. se reflète deux ou trois fois dans la vitre,
comme si l'objectif d'un appareil photo virtuel n'avait pas réussi à faire
le point. La ville a presque fini de remplir les trente kilomètres qui
séparent Fiumicino du centre historique. Mais ce n'est pas vraiment la
ville. Quelques champs, très peu, de temps en temps un terrain vague,
une petite centrale électrique, une usine, des parkings le long des voies
ferrées. Un alignement de cyprès, des broussailles, des panneaux
publicitaires, puis quelques immeubles de bureaux, de hauts murs
fleuris... Le soir vient d'un coup. Où est passé Rome ?"