Les textes traduits ici proviennent tous des Journaux et Notes de jeunesse de Gershom Scholem. Ils ont été écrits entre 1917 et 1919. Réformé pour raisons "psychiatriques", Scholem rend souvent visite à Benjamin à Berne, et, à son contact, cherche à développer une conception du langage, et, notamment, du langage biblique, à l’occasion des traductions qu’il fait de certains cantiques de lamentation. On trouve ainsi un écho direct de ses discussions avec Benjamin, sur la "justice divine" comme sur la notion d’"expérience vécue" dont Buber est, du côté juif, avec Rosenzweig, le principal représentant. À cette "expérience", Scholem veut opposer la position qu’il adoptera définitivement, celle du philologue-historien. Dans cette perspective, il esquisse une conception du temps où le prophétisme et le messianisme jouent un rôle de premier plan, ce que montre son commentaire du prophète Jonas.
Bien qu’il s’agisse de textes de jeunesse – Scholem est né en 1897, il a donc tout juste vingt ans –, ils donnent une vue exacte du programme qu’il se fixe et qu’il réalisera sans jamais dévier, ainsi que de l’atmosphère qui régnait au sein du judaïsme allemand au début du siècle dernier.
Préfacé et traduit de l'allemand par Marc de Launay.