Au tournant du XIVe siècle, Duns Scot porte à son achèvement
la pensée scolastique et esquisse la figure moderne de la métaphysique.
Il rejette l'analogie appliquée à la question de l'être : à la place
des articulations multiples supposées par l'analogie et la théorie
de la participation qui la soutient, le concept d'étant,
décollé du réel, offre une unité primordiale, qui embrasse
Dieu et la creature, la substance et les accidents. Connu naturellement,
sans illumination divine, il remplace la créature
(Thomas d'Aquin) ou Dieu (Henri de Gand) comme objet
premier de l'intellect.
La théologie des noms divins se transforme ainsi en attribution
univoque de concepts formels, distincts les uns des
autres en Dieu comme dans la créature, et pourtant fondus
dans l'identité infinie de l'essence divine.
La multiplicite des sens de l'être et la connaissance de Dieu
passent sous l'égide du concept d'étant, neutre, indifférent
et commun à toutes choses. Celui-ci permet l'institution
d'une métaphysique entendue comme science de l'étant en
tant qu'étant : la genèse d'une ontologie.
O. B.