Révéré par Stevenson, Dickens ou, plus près de nous, par Virginia Woolf, William Hazlitt (1778-1830) est avec de Quincey le grand essayiste de l'Angleterre romantique. Ses prises de position intransigeantes l'ont néanmoins tenu à la marge de ses contemporains : défenseur de la Révolution française, que ses compatriotes tenaient le plus souvent pour un péril, pourfendeur d'une « bonne société » qu'il juge hypocrite et sans talent, ennemi farouche de la philosophie utilitariste alors en vogue, Hazlitt conçoit l'essai comme un exercice d'admiration, mais aussi de critique.
Sur l'amour de la vie et autres essais rassemble des textes, pour la plupart inédits en français, aux thèmes variés, de l'art du voyage à celui de vivre pour soi-même, en passant par la vanité de la vie politique, les plaisirs de la vie dans la nature, la critique d'art (Hogarth, Poussin, Rembrandt et bien d'autres), les ressorts du sentiment nostalgique ou encore la littérature de son temps (Coleridge, Wordsworth...). Si son humour implacable nous vaut le bonheur de voir épinglés les bourgeois « ayant plus de gravité que d'intelligence », les bigots « qui ont une égale facilité à pêcher et à se repentir », ou encore le politicien « faiseur de guerre plein d'humanité », Hazlitt n'est pas seulement un satiriste : c'est aussi un enthousiaste, un chercheur de vérité qui, rompant avec les règles et les conventions néoclassiques, adopte ce style franc, presque familier, qui donne à la lecture de ses textes le charme de la plus déliée des conversations.