Tu veux que j'ouvre un peu la fenêtre, il fait trop chaud, non ? J'ai l'impression de parler dans le vide, mais il faut bien les prononcer, les mots, pour après le grand voyage. Tout à l'heure, quand on arrivera au lac d'lssarlès, je ne vais rien trouver à te dire, le vent fera le reste. S'il souffle vers mol, je pourrai une dernière fois, te goûter si tu viens t'éparpiller sur mes lèvres. Tu ne t'en es pas rendu compte, mais il y a une heure, je me suis arrêté à Montbel, près du causse, histoire de marcher un peu jusqu'à la Pierre-Plantée, comme si ta main était serrée dans la mienne.
Anciens amoureux, amis de toujours, bergers du Vercors, réfugiés maliens, immigrés algériens, ouvriers syndiqués... Dans ces nouvelles, chacun trimbale son passé, avec plus ou moins de joie ou de tristesse, de regrets ou de nostalgie, mais toujours avec la certitude d'avoir été et d'être encore. Il n'est pas question de s'apitoyer ici, le futur reste toujours à écrire, pour plus ou moins longtemps. Pas de jugements non plus, mais un éventail précieux de vies et de paysages dissemblables pour montrer la complexité humaine et la riche diversité qui en découle.