Pourquoi éprouve-t-on le désir de se rendre sur les lieux de la fiction ? Pourquoi partir en quête de la maison de Dulcinée ou de tante Léonie ? Que nous disent ces pèlerinages sur les pouvoirs de la fiction, sur la manière dont les livres, même ceux que nous pensons avoir oubliés, habitent en nous et contribuent à faire vibrer l'épaisseur de durée où nous reconnaissons notre vie ? Que nous révèlent-ils du réalisme, de ce romanesque de proximité qui décide de l'avènement du liseur de romans ? Que nous apprennent-ils du processus - contemporain de l'invention du tourisme, de la démocratisation des loisirs et de la mondialisation - qui voit le roman devenir une « école » de la vie ?
Cet essai se déploie sous une forme résolument narrative, à la façon d'une enquête qui serait aussi une odyssée, un périple circulaire de Constantinople à Istanbul, de Chateaubriand à Orhan Pamuk, en passant par Mary Shelley, Balzac, Flaubert, les Goncourt, Proust, mais aussi Georgette et Maurice Leblanc, Louise de Vilmorin et Max Ophuls, ou encore Jean-Paul Kauffmann, un voyage dans l'espace et dans le temps, pour décrire l'évolution et l'état présent du souci littéraire.