Pour se repérer dans l'immense labyrinthe que forme l'oeuvre
de Husserl, telle qu'elle nous est enfin devenue accessible
aujourd'hui grâce aux publications des Archives de Louvain,
il faut y prendre pour fil d'Ariane la décomposition du versant
subjectif de l'intentionnalité en ses trois modes : son
mode perceptif, son mode imaginaire et son mode signitif,
en la situant à l'arrière de celle de son versant objectif en un
a priori synthétique matériel et un a priori analytique formel.
Il s'agit bien là, en effet, du double invariant structural autour
duquel sont venus s'ordonner tous les déplacements thématiques
où a dû s'engager Husserl avant de parvenir à fonder la
phénoménologie transcendantale, en y prenant toujours
davantage de distance par rapport aux conditions de fonctionnement
actuelles de l'intentionnalité. Et Husserl put alors
résoudre l'énigme qu'elles posent au départ : en tendant à
faire croire à tort que ces deux versants n'auraient jamais été
séparés par rien, alors que les lois d'essence qui régissent les
rapports entre leurs éléments respectifs ont toujours été et
resteront toujours irréductiblement dissymétriques.
Aussi la question devait-elle finir par se poser : de savoir si
la phénoménologie est axiomatisable à l'aide d'un modèle
rigoureux. Peut-elle prendre appui, pour procéder au traitement
de cet a priori subjectif, sur le paradigme fourni, au
terme de son histoire, par la mathesis universalis ? Et devra-t-elle
même se donner plusieurs systèmes d'axiomes, afin de
rendre compte par là des différents genres de phases de développement
à la fois généalogiques et téléologiques par où
passe et repasse sans cesse toute vie intentionnelle ?