L'essai Sur l'origine de l'activité artistique (1887) est la première critique « moderne » de l'esthétique. Fiedler y démontre qu'une certaine esthétique s'est fourvoyée en liant le destin de l'art à celui de beauté et au plaisir que le beau nous procure : elle ne fait qu'entériner un bon goût très social. Philosophe de l'art, il s'interroge sur la nature de l'activité artistique et se place du côté du créateur et non pas du récepteur. Il met en avant l'association de l'oeil et de la main, leur action commune qu'il appelle mouvement expressif. La conscience de l'artiste, sa force de cognition produit une visibilité. L'art, loin d'imiter la nature ou de représenter l'idéal, invente des formes d'être et le théoricien doit répandre l'évangile du nouveau que les artistes ont construit dans leurs oeuvres. Renvoyant dos-à-dos romantisme et réalisme, la pensée de Fiedler ouvre la voie aux avant-gardes.