Traduit pour la première fois intégralement en français, l'essai Sur l'origine de l'activité artistique, paru en 1887, est un texte décisif. Son auteur, Konrad Fiedler, est le premier philosophe de l'art. Il démontre que l'esthétique, uniquement préoccupée des effets de l'art, s'avère relativiste ; caisse de résonance d'un bon goût très social, elle promeut la sensibilité à la beauté sans jamais s'atteler à définir la nature et l'essence de la production artistique. Fiedler s'applique donc à recentrer la réflexion sur l'activité de l'artiste comme constitution d'une réalité : l'art, loin d'imiter la nature ou de représenter l'idéal, construit des formes d'être qui deviennent visibles et consistantes par l'action de l'œil et de la main de l'artiste. Cette critique aiguë du romantisme et du réalisme est une manière de clore le XIX e siècle et d'ouvrir la voie aux avant-gardes. Ainsi, la pensée de Fiedler invente une théorie de la connaissance
sensible qui répond aux préoccupations des artistes d'aujourd’hui.