Qui ne connaît, au moins par un tableau, l'histoire de Suzanne, cette belle et pieuse femme, injustement accusée par deux anciens et sauvée par l'intervention de Daniel, alors tout jeune homme ?
Pour méditer cet épisode et en restituer la profondeur, trois auteurs conjoignent ici leurs voix : un romancier, une exégète et une historienne de l'art.
Jacques Henric maintient ensemble, dans une fiction suggestive inspirée des œuvres du Tintoret, les pensées du scénariste d'un film sur Suzanne et les vieillards, celles de Tintoret, de son modèle, puis de Suzanne elle-même parlant au peintre, chaque voix dramatisant la scène et lui donnant son épaisseur. Joëlle Ferry, abordant la structure du texte biblique, en ressaisit les portées juridique (critique de la corruption des juges), morale (Suzanne, modèle de fidélité conjugale et d'observance de la loi) et théologique (omniprésence d'un Dieu soutenant l'espérance de son peuple). Joséphine Le Foll propose une généalogie du motif pictural de Suzanne : de la figure de l'Eglise, agneau menacé par les loups dans une fresque des catacombes, à la Nymphe surprise d'Edouard Manet, en passant par Tintoret et Rembrandt, elle montre la tension qui fait la richesse de ce thème.