Fin 2004, la présence culturelle suisse à l'étranger se trouve soudain au centre de l'intérêt public. Au Centre culturel suisse à Paris, l'artisle Thomas Hirschhom présente son exposition Swiss-Swiss Democracy qui suscite l'indignation de nombreux parlementaires car les symboles nationaux y sont, d'après eux, malmenés. En conséquence, Pro Holvetia se voit sanctionnée par le parlement qui coupe un million de francs dans son budget.
Un retour sur l'histoire de la présence culturelle suisse à l'étranger atteste que les conflits mis en évidence par l'exposition Hirschhorn apparaissent bien plus tôt. Créée à la veille de la Seconde Guerre mondiale pour renforcer « l'esprit suisse », Pro Helvetia, faisant siens les préceptes de la défense spirituelle, contribue durant l'après-guerre à la diffusion d'une image traditionnelle de la Suisse. Dès les années 1960 cependant, la fondation culturelle accorde une place toujours plus importante à la création contemporaine, et l'idée que la présence à l'étranger ne signifie pas forcément une subordination de la culture au discours identitaire du moment commence à se profiler.
Recourant à de nombreux fonds d'archives inédits, le présent ouvrage aborde la question actuellement très débattue de l'image de la Suisse à l'étranger sous l'angle peu connu et original du rayonnement culturel. Les expositions d'art, tournées de concerts et de théâtre, émissions radiophoniques et films dressent le portrait d'un pays désireux de s'ouvrir au monde tout en restant attaché à son statut particulier. En même temps, ils témoignent de la place ambiguë et souvent précaire de la culture dans un dispositif institutionnel marqué par les impératifs de la promotion économique et touristique.