« Je croyais avoir suffisamment dit de moi-même, dit-elle. En écrivant autant à mon propos, ils pensaient éclairer mes espaces interdits. La gloire que j'ai tant préméditée et si bien construite de mon vivant est finalement arrivée, même si je n'ai pas pu en jouir. Je sais désormais que cela ne sert à rien. À quoi aura-t-elle servi, cette gloire, si ce n'est à faire de moi un martyr et un mensonge, poète persécuté, féministe factice qui ne sont que des vues fragmentaires, les loupes déformées par lesquelles on me regarde, le jus malsain de ceux qui sont finalement moins préoccupés de littérature que de célébrité ?
Ainsi suis-je devenue une icône de votre époque, pas de la mienne. »
Février 1963, Londres. Une jeune mère de famille se suicide en glissant la tête dans son four à gaz. Cette femme, Sylvia Plath, est une poétesse. On la dit poussée au désespoir par les trahisons de son mari.
À l'heure où les femmes cherchent à sortir de l'étau qui les étouffe, Sylvia est érigée en symbole par les féministes. Malgré elle. Car le destin de cette femme-comète, hantée par la noirceur, est beaucoup plus complexe. Sous la plume empathique d'Ananda Devi, on suit la vertigineuse descente aux enfers de ce couple maudit. Jusqu'à l'éblouissement absolu.