Fondée sur l'usage des tours cylindriques à archères, la forteresse idéale du XIIIe siècle ressemble à un « château-fort » de dessin d'enfant : un château carré, crénelé et cantonné de tours rondes. Mais derrière cette apparence si familière se cache un phénomène architectural majeur : apparue à la charnière de l'an 1200, et pratiquée aussi bien par le roi que par les grands princes ou les seigneurs plus modestes, l'architecture fortifiée « capétienne » remporte un immense succès dans l'ensemble du royaume tout au long du XIIIe siècle, au point d'avoir façonné le territoire et notre propre vision du Moyen Âge.
Pour comprendre cette floraison architecturale et dépasser les longs débats de l'historiographie, Denis Hayot a pris le parti d'une recherche globale, embrassant dans une même étude les forteresses royales, princières et seigneuriales à l'échelle du royaume. Cette réflexion le conduit à interroger l'idée reçue d'un hypothétique « modèle royal », à laquelle il faut préférer le constat de l'émergence d'un modèle commun, dans un royaume alors en phase d'unification culturelle.
Ce travail universitaire monumental n'était jusqu'alors accessible qu'à quelques chercheurs. Le Centre de castellologie de Bourgogne s'est fait un devoir de l'éditer, en un volume de synthèse et cinq volumes régionaux de monographies, afin de le mettre à disposition de tous les amoureux des châteaux-forts.