Syriens et libanais d'Amérique du sud (1918-1945)
Ce livre peint l'histoire d'une quête identitaire, celle des migrants originaires du Levant, établis dans les pays du Cône Sud à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, alors que la géopolitique de leur « pays » d'origine était soumise à des transformations majeures. Au cours des années 1920, leurs élites ont tenté de contrer le stéréotype du Turco en promouvant une identité hybride « syro-libanaise ». Cette construction identitaire ambiguë était profondément liée à des enjeux qui tenaient autant des conflits politiques traversant le Moyen Orient, qu'aux soucis de la vie ordinaire américaine auxquels ces populations étaient quotidiennement confrontées.
Les élites entretenaient des relations avec les services consulaires de la puissance mandataire - la France -, des relations lourdes de conséquences politiques, symboliques et individuelles. De 1924 à 1926, les autorités consulaires françaises ont organisé la délicate procédure d'option de nationalité, qui devait permettre à chaque émigré - jusqu'alors de nationalité turque - de pouvoir acquérir la nationalité syrienne ou libanaise. En Argentine, les élites syriennes et libanaises anti-mandataires refusant d'opter encouragèrent leurs compatriotes à faire de même. Cette abstention les empêcha de bénéficier de la protection française, et les installa provisoirement dans un statut juridique proche de l'apatridie...