« Aucune branche de l’économie politique ne présente une aussi grande diversité de vues entre les théoriciens et les praticiens que celle qui traite du commerce international et de la politique commerciale. Il n’existe cependant pas, dans le domaine de cette science, de question qui, sous le rapport du bien-être et de la civilisation des peuples en même temps que de leur indépendance, de leur puissance et de leur durée, offre le même degré d’importance. Des pays pauvres, faibles et barbares ont dû principalement à la sagesse de leur système commercial d’être devenus riches et puissants, et d’autres, qui avaientjeté un grand éclat, se sont éclipsés faute d’un bon système ; on a vu même des nations privées de leur indépendance et de leur existence politique, surtout parce que leur régime commercial n’était pas venu en aide au développement et à l’affermissement de leur nationalité.
Aujourd’hui plus qu’à aucune autre époque, entre toutes les questions du ressort de l’économie politique, celle du commerce international acquiert un intérêt prépondérant. Car plus le génie de la découverte et du perfectionnement industriel, ainsi que celui du progrès social et politique, marche avec rapidité, plus s’agrandit la distance entre les nations stationnaires et celles qui avancent, plus il y a de péril à rester en arrière. Si jadis il a fallu des siècles pour monopoliser la principale fabrication d’autrefois, celle des laines, plus tard quelques dizaines d’années ont suffi pour l’industrie bien autrement considérable du coton, et de nos jours une avance de peu d’années a mis l’Angleterre à même d’attirer à elle toute l’industrie linière du continent européen. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.