"Les mères ont davantage à voir avec les guerres qu'elles
n'imaginent. C'est le contraire de ce que tout le monde
pense. Il ne peut pas y avoir de guerre sans mères", déclare ici l'un
des personnages.
Trois jeunes gens et leurs mères, des pères absents et des
fils égarés : un conscrit en proie aux mauvais traitements de
l'armée russe, un jeune Tchétchène à la recherche de sa mère,
un voyou de bonne famille. Puis la rencontre d'une âme soeur,
une chimère.
Une poignée de femmes essaient de sauver leurs fils de la guerre,
de la solitude et du crime. Le tout à Saint-Pétersbourg, à la veille
du tricentenaire de la ville, sur fond de guerre de Tchétchénie.
Les personnages semblent n'être à leur place nulle part dans
leur famille ou dans leur pays, ce qui donne toute sa force à
la figure de la chimère, aberration rejetée par la nature et par
l'homme, projetée dans des amours absolues.
Les histoires s'entrelacent, Bernardo Carvalho orchestre une
multiplicité de points de vue et de voix sans jamais perdre
l'axe récurrent de la maternité et de son revers, le sentiment
d'être orphelin, sans protection, déplacé, dont la guerre est la
représentation la plus crue.
Un roman magnifique.