En dépit de son sous-titre, ce livre n'a pas spécialement pour but d'alimenter le flot de l'antitechnicisme contemporain. Son intention est purement spéculative : il s'agit de mettre au jour, s'il se peut et si elle existe, la structure rationnelle d'une genèse à double face : scientifique d'un côté, technique de l'autre. Cette dualité fait problème car, d'une part, les inventions techniques semblent s'être suivies comme en vertu d'un principe d'ordre échappant à la volonté consciente des hommes, mais d'autre part, elles n'ont pris corps dans l'histoire qu'à la faveur de changements d'éclairage scientifique impossibles à prévoir et témoignant de la liberté de l'esprit. Parce que l'étude génétique ici proposée n'élude pas la difficulté, parce qu'elle tente même de la résoudre, elle ne constitue pas une histoire tout à fait comme les autres. Elle s'intéresse essentiellement aux enchaînements de nouveautés matérielles et intellectuelles. Elle met en question la Raison fondamentale pour laquelle se sont développées et comme harmonisées à distance les séries de créations scientifiques et techniques qui, en guère plus d'un siècle (de 1837 à 1937 environ), ont convergé dans la formation du premier système pratique de télévision. Cependant, on ne peut valablement s'interroger sur la présence de la raison en histoire sans opérer, presque à chaque pas, un retour critique sur la possibilité et la légitimité des «rationalisations» a posteriori inévitables en ce domaine. C'est pourquoi l'ouvrage associe au travail historique proprement dit une recherche d'ordre épistémologique et critique de portée générale.