Lire Tempête rouge, c'est comprendre que l'on a entre les mains un texte exceptionnel. Exceptionnel par son sujet : ce roman raconte la révolte d'une communauté de pasteurs nomades contre l'impitoyable mainmise chinoise sur le Tibet, à la fin des années 1950. La population est décimée, les terres confisquées, les hommes emmenés en camp de travail forcé. Maladies, famine, violences, injustices. Vingt années noires de cauchemar.
Exceptionnel également par son esprit libre et provocateur car ce témoignage est celui d'un romancier qui possède la parfaite maîtrise de son art, joue de tous les registres, de l'horreur à l'humour, et n'hésite pas à prendre pour héros de son histoire un lama bon vivant mais aussi arriviste et lâche, dont les déboires et les ruses placent le rire au coeur de la tragédie.
Ce roman qu'aucune maison d'édition n'a accepté de publier en Chine, car jugé trop dangereux, a été interdit six mois après sa publication à compte d'auteur. Tsering Dondrup, un des plus éminents écrivains tibétains d'aujourd'hui, a été démis de son poste d'archiviste et ses demandes de passeport pour voyager à l'étranger lui sont régulièrement refusées.