«Au tout début de leurs amours, Antoine entraînait fréquemment Féline dans l'arrière-salle d'un café aménagé en petite discothèque. L'hiver picard convoquait les frimas sous des ciels bas à l'étain mouvementé. Il cueillait sa princesse au sortir du lycée. Le vent glacé avivait l'incarnat de son teint. Ils s'embrassaient longuement dans l'Ami 6, puis se dirigeaient vers ce lieu protégé. La nuit venait vite en ces fins d'après-midi scolaires. Mais, à l'intérieur de l'automobile, fous d'amour, c'était le soleil qu'ils regardaient en face. (...) Antoine garait avec hâte la voiture devant le café; ils pénétraient dans l'établissement. L'odeur âcre du café et celle, sure, de la bière pression les surprenaient toujours, après celles, translucides, des vents glacés. (...) La première pièce qu'ils plaçaient dans le juke-box, déclenchait les fureurs bariolées des spots, et les hystéries fades des stroboscopes.»
En janvier 1978, Antoine rencontre Féline, lycéenne, lors d'un concert de Téléphone dans la salle sombre et brumeuse d'une MJC du Nord. Immédiatement, ils se lient d'un amour tendre. Dans les cafés, sur les routes de campagne, dans la vieille Ami 6, au bord des champs, sur les chemins de halage le long des rivières, dans les rues de Paris ou dans les bars, ils inventent leur bonheur simple. Antoine a déjà presque la stature du rock critic qu'il rêvait d'être lorsqu'il est venu à Paris.
Avec la très grande délicatesse d'écriture qu'on lui connaît, Philippe Lacoche restitue dans Tendre rock ses premières années de critique rock, d'amoureux...