Hiver 2014. Martine Laval contacte Dominique Sigaud. Lui demande : " Écris ce que la vie signifie pour toi. " Excla mations. Stupeur. Et rires. Dominique Sigaud lui répond quelque chose comme : " Ok, ta question tombe à pic. Puisque tu me le demandes. Je m'y colle. Bien obligée. Cadeau de l'amitié. "
Regarder dans le rétroviseur, faire le point sur le présent. Tordre les clichés, aller à l'essence. Des labours plus qu'un labeur. Mais c'était déjà sans compter sur le réel, toujours prompt à faire se rencontrer la vie et l'écriture. La mort de la mère, peut-être d'une langue maternelle. Puis, le même jour, la révélation d'un cancer et l'annonce de la tuerie de Charlie-Hebdo. Dès lors le texte sur ce que la vie signifie pour elle, adopte le télescopage, nouveau moteur de l'écriture. Dominique Sigaud, dans une langue au plus près d'elle-même, de sa propre vérité, scande des " comptes à rebours ", rageurs, vivifiants, met en résonnance les conflits qu'elle s'est choisis. ou pas. Ceux d'hier, du Rwanda, du Liban, de l'Algérie, ceux d'aujourd'hui. Ceux d'une femme qui ne se résigne pas, qui fouraille l'écriture pour trouver sens. Écrire comme on va à la guerre, comme on défie la mort. C'est du Sigaud.