Ayant largement passé le cap de la cinquantaine, un
homme qui aurait pu devenir capitaine au long cours,
jadis, s'il avait été moins paresseux, entreprend
un voyage de plusieurs mois sur le littoral français.
Apparemment guidé par sa fantaisie, il séjourne dans la
plupart des villes présentant une activité industrielle et
portuaire conséquente.
À Saint-Nazaire, c'est l'époque où s'achève la construction
du Queen Mary 2, à laquelle ont contribué des
hommes venus des quatre coins de la planète.
À Calais, les immigrants vivent clandestinement dans
l'attente d'un hypothétique passage vers l'Angleterre.
À Dunkerque, alors que l'on s'apprête à détruire un
bâtiment hautement symbolique de son passé, la communauté
des dockers ne parvient pas à surmonter les
déchirements entraînés dix ans auparavant par la réorganisation
de la profession.
Au Havre, la population d'un quartier enclavé dans la
zone portuaire se voit peu à peu cernée et menacée
d'étouffement par les conteneurs.
Près de Marseille, sous le vent des usines pétrochimiques
de Lavera, un hôtel condamné par les règlements
de sécurité vit ses derniers jours, tandis que tout
autour prolifèrent les chats errants.
Et ainsi de suite.
Chemin faisant, il apparaît que des souvenirs plus ou
moins obscurs lient le narrateur à certains des lieux qu'il
visite, et ainsi se dessine progressivement, en filigrane,
une sorte d'autobiographie subliminale.