Ce recueil se tient au bord du désastre en ses ténèbres, comme l'on se
tient sur le seuil d'une maison où la mort n'est pas au bout de son
oeuvre. Sur ce bord tombe un rayon de clarté couchante et qui laisse
au décor la hâte sombre de gagner d'autre plis de lumière.
....Mais... «quand le soir se pose sur les cendres....quand à
Jérusalem les fleurs sont sans couleurs...» reste cette fenêtre secrète
où peut s'abriter le chant de la terre hors ses déchirures si tout paraît
perdu dans le silence des oublis.
Ici le poème est comme un témoins confident d'un destin confisqué
par l'horreur et qui offre à l'arbre pendu au-dessus de ses racines...
Le poète est un retour aux frontières natales, il ouvre les yeux dans le
sable, il rappelle que le sang des mots qu'il porte irrigue la force de
l'épi, l'inaltérable de la mer, la beauté du soleil sous l'éclipse.
Dans le vacarne des souffles ensevelis, un temps muet parle le secret
de la mémoire promise du chant radieux d'une terre de la passion des
innocents. Le poème ne promet pas de rêves, ne chiffre pas de messages,
il médite le juste en cet instant précis où l'éternité est dans l'urgence
d'une pierre étoile.
Le poète depuis le passé le plus lointain de Palestine hante l'unité de
l'être et du chemin de terre où demain s'arrache de tous les seuils.
Les yeux du poème veillent d'un sens qui fait peur à la mort et dessinent
sur nos attentes l'empreinte d'un secret d'amour entre le large
et son pays.