Ecrit en 1924, Tête de mêlée raconte le parcours
d'un jeune garçon qui parvient, grâce au sport, à s'arracher
aux affres de l'enfance et de l'adolescence, à
échapper à sa Folcoche de gouvernante et au milieu
bourgeois d'avant 1914, étriqué, bigot, imbu de sa
classe sociale, et décrit ici d'une façon particulièrement
fine et cruelle.
Il s'agit d'un véritable hymne au sport en général et
au rugby en particulier. Le lyrisme, la précision et l'humour
avec lesquels ce jeu qui, au début du XXe siècle
essaie de percer en France, est décrit, font de Jean Bernier,
pour le ballon ovale, ce que sera Antoine Blondin
pour le cyclisme, quelques décennies plus tard.
Mais chez Bernier, pacifiste et internationaliste, la
Grande Guerre n'est jamais très loin. Les espérances
de «ces jeunes hommes au corps habile et fort, à l'âme
prompte» avant 1914 sombreront dans la guerre
quelques semaines plus tard sous les «tonnerres monotones
de la chimie industrielle», dit-il en conclusion
de son ouvrage.
Après avoir tenu la rubrique Sport dans L'Humanité
en 1926, Bernier rompt progessivement avec le PCF et
se rapproche des anarchistes.