Pour Rousseau, tout tient à la politique. C'est dire qu'en publiant Du Contrat
social en 1762, il offrait un des textes majeurs de son oeuvre et un ouvrage qui allait
révolutionner le monde. Le livre était dès cette date un élément incontournable
de toute ré exion sur la République, le droit, la loi ou les diverses façons de
gouverner les sociétés. Loin d'être un manuel de gouvernement proposant des
solutions définitives aux problèmes soulevés par les rapports entre les hommes,
Du Contrat social insiste sur les difficultés que rencontre toute législation.
Rousseau tente cependant de fonder légitimement le politique et de mettre
quelque ordre et quelque logique et rigueur dans ce qui n'est le plus souvent
que justification du droit du plus fort et politique au jour le jour. Il est conscient
que tout gouvernement va inexorablement vers la corruption et la décadence,
mais il ne renonce pas pour autant à s'impliquer dans le monde de la politique
appliquée quand les Corses ou les Polonais viennent lui demander de ré échir à la
constitution la plus appropriée à leur situation. Rousseau donne avec le Projet de
Constitution pour la Corse et les Considérations sur le gouvernement de Pologne
une suite au Contrat social. Il montre ainsi combien sa pensée est souple et peut
prendre des formes différentes.

La leçon va être retenue et Rousseau lu et commenté par les réformateurs et
révolutionnaires du monde entier. On le trouve aussi présent chez ceux qui firent
la grande Révolution de 1789 que parmi les auteurs de la réforme de Meiji, au
Japon, à la fin du XIX^e siècle, les révolutionnaires chinois de 1911 et 1919 ou
chez ceux qui se révoltaient contre le joug du colonialisme, au Vietnam ou en
Égypte, pour ne citer que quelques exemples.

Loin d'être un manuel de domination étatique comme on l'a dit trop souvent,
Du Contrat social aide chacun de ses lecteurs à ré échir sur les dangers de tout
gouvernement et à résister à leur oppression.

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