The stranglers
Black and white
Tranchant, grinçant, musculeux, physique sans oublier d'être cérébral, Black and White (1978) est probablement l'opus le plus dur des auteurs de « Golden Brown ». Regorgeant d'images militaires, transpirant par tous ses sillons la paranoïa, l'angoisse de la guerre froide, des dérives technologiques et du cataclysme nucléaire, cet album aurait pu s'intituler The Apocalypse According to The Stranglers. Pas de rédemption à l'horizon de ses quarante minutes, mais une salve de chansons mal lunées que le groupe lance au visage d'une Europe en crise, et spécialement d'une Angleterre déclinante, saisie par la nausée.
S'illustrant comme l'un des premiers vrais disques post-punk selon certains, Black and White vous fera sans doute éprouver l'étrange volupté d'être saisi à la gorge par la poigne de fer des Étrangleurs, les « Dirty Harry » de la new wave ; un groupe intimidant au parcours tortueux, souvent victime de sa réputation sulfureuse mais dont l'oeuvre stupéfie par sa créativité sans relâche.