...méditer un plan que j'ai conçu en faveur de mon sexe, de mon sexe ingrat ; je connais ses défauts, ses ridicules, mais je sais aussi qu'il peut s'élever un jour : c'est à cela que je veux m'attacher. Cet ouvrage est de longue haleine, et je ne le présenterai pas du matin au soir ; je veux faire cependant mes adieux comiquement à mes concitoyens ; après avoir mis les morts au théâtre, je veux y mettre les vivants ; je veux me jouer moi-même, ne point faire grâce à mes ridicules pour ne point épargner ceux des autres ; je n'ai pas trouvé de plus vaste plan, ni de plus original que Madame de Gouges aux enfers. On se doute aisément que je me trouverai là avec des personnages dignes de mon attention et de mon ressentiment ; les comédiens français, par exemple... mes bons amis...
Olympe de Gouges fait revivre dans ses comédies de nombreux personnages du XVIIIe siècle (Voltaire, Montesquieu, Rousseau, les soeurs Ferning) et évoque des grands moments de la Révolution française (la mort de Mirabeau, l'entrée de Dumouriez à Bruxelles), des problèmes cruciaux comme ceux des voeux et les nouveaux droits civiques des femmes.
Révoltée contre toute forme de discrimination, d'esclavage, elle rêve d'une authentique révolution sociale. Son théâtre politique témoigne de sa vitalité et les préfaces de ses comédies - comme le souligne Gisela Thiele-Knobloch - apparaissent aussi comme de brillants plaidoyers.