Le riche corpus de la critique dramatique de Gautier, en cours d'édition, recèle bien des surprises dans l'art du compte rendu musical, qu'il s'agisse des grands opéras à la française ou des oeuvres d'Hector Berlioz. Mélomane attentif, vivant dans un milieu tout baigné de musique italienne, Gautier, devançant ses contemporains, se passionna peu à peu pour la musique allemande, celle de Weber d'abord, puis celle de Wagner. Curieux et éclectique, il aima aussi d'autres musiques, espagnoles, arabes, tziganes, asiatiques, très présentes dans ses récits de voyage. Pour traduire ses émotions, Gautier a mis au point un langage essentiellement poétique. S'il ne fut pas le plus savant critique de son époque, il fut le plus complet et le plus artiste: chez lui, l'évocation de la musique est devenue une nouvelle forme d'écriture, qui, née dans ses feuilletons, a gagné l'ensemble de son oeuvre.