Théorie de l'esprit et pédagogie chez Karl Popper
Les références à la pensée de Karl Popper, dans les ouvrages contemporains de didactique ou de pédagogie, sont rares et se bornent généralement au rappel convenu des thèses les plus connues de l'épistémologie faillibiliste. L'oeuvre poppérienne comporte pourtant de nombreux autres aspects, ordinairement négligés, par lesquels elle se rapporte de façon beaucoup plus directe et essentielle aux questions éducatives. L'intérêt de Popper pour ces dernières est manifeste dans les écrits de jeunesse, rédigés durant sa période de formation à l'Institut pédagogique de Vienne dans les années 1920. Il se montre encore, quoique de façon plus souterraine, dans l'oeuvre de la maturité, à travers les nombreux développements que le philosophe consacre à l'analyse de la subjectivité et à la question de l'apprentissage.
De là, le projet de ce livre. En prenant pour guide la double métaphore du « seau » (Bucket) et du « projecteur » (Searchlight) - au moyen de laquelle Popper oppose la théorie erronée de « l'esprit-réceptacle » à sa propre conception de l'activité mentale -, celui-ci se propose d'interroger l'oeuvre poppérienne dans son ensemble, les écrits de jeunesse comme les textes de la maturité, sous l'angle d'une théorie du sujet humain et de sa formation. Il s'agit par là, d'une part, de jeter un éclairage sur le lien trop souvent méconnu qui unit de l'intérieur la pensée de Popper aux préoccupations d'ordre psychologique et pédagogique ; d'autre part, de montrer en quoi la prise en compte des thèses poppériennes peut contribuer à renouveler en profondeur la réflexion contemporaine sur l'apprentissage et l'éducation.