Fourier invente la transformation de l'ordre social : le bouleversement de l'économie, des relations sociales, de l'éducation, du travail et des loisirs. Il annonce une médecine positive harmonique, une éducation harmonique des animaux, un Opéra harmonien, une théorie de l'éducation composite pour l'épanouissement de chacun, une nouvelle architecture où les trois ordres se combinent (ionien, dorien, corinthien). Contre le morcellement industriel, il prône le regroupement des activités, l'abolition du travail contraignant, des fêtes permanentes sur toute la planète. Pour chaque domaine, il propose des classifications sérielles ouvertes. Fourier est le premier penseur de l'ère industrielle à prévoir les conséquences désastreuses du libéralisme commercial sauvage comme les dangers de toute forme d'autorité étatique.
Il propose une société ouverte, complexe, fondée sur les divergences et la diversification, une société libérale libératrice, où chacun dispose d'initiative. Pour cela, l'éducation de l'imagination est primordiale. Par l'école rénovée, on augmente la richesse de chaque individu et l'on incite à ne plus séparer imagination, passion et raison. L'état actuel est le produit du morcellement, de la dispersion, de la soumission à l'ordre industriel et aux diverses idéologies.
Ces «divagations» systématiques sont d'une étonnante fraîcheur et nous font saisir à quel point notre société est un échec humain. Imagination, bon sens et combinatoire systématique, voilà trois modes d'approche réunis en une seule pensée paradoxale.
Fourier (et son Fou-rire) est notre futur. Une sorte de Spinoza hilarant.