Théorie des opinions
Dans sa présentation médiatique, l'opinion est trop souvent réduite à un chiffre et du même coup, le grand public tend à assimiler l'opinion, aux résultats des sondages, cette technique étant soit adulée (outil statistique fiable) soit décriée (forme scientifique du mensonge).
Au plan académique par ailleurs, il est aisé de constater le grand nombre d'ouvrages, de manuels, de traités concernant la technique du sondage (technique de questionnaire, échantillonnage, traitement statistique des données) et la faiblesse des recherches conceptuelles. D'où le risque d'empirisme naïf et la difficulté à interpréter les données d'enquêtes.
En l'état actuel des connaissances, en effet, on sait beaucoup de choses sur les techniques d'enquêtes mais on ne sait pas répondre à la question : qu'est-ce que l'opinion publique ?
Depuis la première édition de l'ouvrage de J. Stoetzel introducteur des enquêtes d'opinion en France et expert mondialement reconnu dans ces domaines, la théorie a d'ailleurs peu progressé.
Le mérite de cet ouvrage est de recenser de manière claire et systématique les principales questions qui se posent à propos de la notion d'opinion et d'exposer les problématiques dont elle est l'objet : délimitation du champ d'étude, structure et distribution des opinions, rapport entre valeurs, opinion et action, stabilité des opinions, mécanismes psychosociaux en jeux.
Les pistes de recherche dégagées par l'auteur sont plus que stimulantes. Elles montrent en particulier les limites des approches typologiques pourtant couramment utilisées, et l'intérêt de replacer la notion d'opinion dans un contexte conceptuel plus large, celui des attitudes et des systèmes de valeur, programme exigeant mais fécond.