Les grands rites communautaires - rites politiques monarchiques et républicains, "liturgies profanes" créées par le sport et le cinéma, cérémonials judiciaires... - sont traditionnellement des objets d'études anthropologiques. Les sciences de l'information et de la communication (SIC) centrent quant à elles leur attention sur l'autre versant de la ritualité, celui de ces "rites d'interaction" (E. Goffman) intégrés socialement et culturellement.
L'ambition de cet ouvrage a été d'ouvrir le spectre rituel, reconsidérant les grands rites communautaires à travers un prisme "communicationnel".
A leur étude, un appareil conceptuel est appliqué ici, qui mobilise par exemple les notions de médiation symbolique, de creuset d'interactions, de présentation et de communication de soi, de "communion sociale"... Une très grande attention est de même accordée au dispositif, au cadre, au contexte et à la performance, tous considérés ici dans leur acception rituelle.
Cette étude se fonde sur l'héritage théorique de Mauss, de Durkheim, de Goffman, de Turner, de Balandier, mais aussi d'Abélès, d'Augé et de Winkin. Mais elle emprunte de même à Katz et Dayan, car la dimension médiatique de ces rites a été considérée avec une grande attention.
Le travail a surtout consisté à élargir certaines notions de l'Ecole de Palo Alto et du courant interactionniste, pour les faire passer de leur échelle interpersonnelle, à un niveau communautaire. Plusieurs concepts originaux sont proposés dans ces pages, qui tentent de saisir la fonction allouée, dans les processus rituels, au regard et à la fascination, à l'apparence et à la magnificence, à la contrainte, enfin, comme instance de contrôle social.
L'objectif théorique a donc été de rapprocher l'anthropologie des sciences de la communication, afin de les enrichir de regards croisés et complémentaires, portés sur des objets qui leur sont finalement communs. Plus largement, une réflexion est proposée sur les formes, le sens et la fonction des rites dans les sociétés contemporaines.