Faut-il une ontologie ? La question est posée par Klaus
Hemmerle en direction de la philosophie comme de la théologie.
La multiplicité des discours techniciens sur l'étant a
réduit l'ontologie au rang d'un luxe ancien, oiseux ; il n'y a
plus d'ontologie quand il n'y a que des ontologies régionales.
Il demeure pourtant que le «rapport d'échange» entre ontologie
(laïque, ou pré-chrétienne, ou autre) et christianisme
n'a jamais instauré d'ontologie qui soit véridiquement
ontologie, discours (savoir) sur l'être de l'étant, et totalement
chrétienne. Il y a déficit dans les relations du christianisme
et de la pensée occidentale. Jamais «la spécificité chrétienne
n'a déterminé à neuf la pré-compréhension du sens de
l'être, ni la situation de l'ontologie». «Serait-il possible, par
une analyse fine de ce qui à la fin de la modernité s'achève,
d'une part, et par la réflexion sur la spécificité chrétienne de
viser une autre disposition du savoir ? Tel est en tout cas le
but d'une ontologie trinitaire». Autrement dit, il s'agit de
croire que celui qui est Trinité incite à penser l'ontologie
divinement.
Jean-Yves Lacoste