Mais il n'y a eu / personne / parmi vous / de la concession / pour être / avec moi / comme j'ai été / avec vous / tout le long / de mon séjour ici / même pas toi / Soeur qui / m'appelais / Ma soeur / d'une autre mère / et qui sais / tout / je dis bien / tout / de ce que j'ai / dans la tête / et dans le coeur.
Marianne rend hommage à son mari, Sikali, un homme d'une sensibilité singulière. Elle l'avait rencontré au carrefour du théâtre et du camp des migrants, puis elle l'a suivi dans son village. Celui-ci vient d'être emporté par le désespoir, l'alcool et les soins destructeurs des sorciers. Aussi la voix de Marianne plaide-t-elle avec douceur et bienveillance. Nous comprenons alors que nos proverbes, syllogismes et adages ne sont que du vent. L'étrangère honore le jeune mort, elle transfigure ses funérailles.
Dans Tiens ton coeur, Kouam Tawa assume les remises en cause et les désillusions sans se montrer amer ni désabusé. Car c'est l'amour qui aurait dû prévaloir sur les attentes d'une tribu en déphasage avec ses propres traditions et la modernité.