Tigre et kaki et autres contes de Corée
On retrouvera sans doute ici bien des thèmes récurrents dans la tradition orale
de l'Extrême-Orient. Mais on sera frappé par l'originalité de la manière
coréenne de traiter ces thèmes. L'ironie et l'humour des fabulistes anonymes de
Corée se manifestent quand il s'agit de railler le tigre - et par la même occasion
les grands de ce monde. Le roi des animaux est toujours ridiculisé, bafoué et
humilié, même par un objet inanimé comme une plaquemine (le « kaki
séché »), ou un animé faiblard comme une décrépite grand-mère ou un
peureux, mais rusé, lièvre.
Même si vous cheminez lamentablement sur les voies de la misère, vous
pouvez quand même espérer, rien n'est perdu ! Pensez à ce Coréen qui n'avait
qu'un demi-grain de riz pour tout patrimoine. Rien que cela, mais aussi
beaucoup d'opiniâtreté, un sens profondément enraciné de ses droits et un
véritable don de la réclamation. Le « jeune bossu idiot » du conte grimpe en
quelques jours les marches de l'ascension sociale, immanquablement, en
parvenant à échanger son demi-grain de riz contre un rat, ce rat contre un chat,
ce chat contre un âne, cet âne contre un boeuf, épouse la fille du ministre et
devient gouverneur de la province. Prenez-en de la graine.