Turn ! Au début des années 2010, ce mot surgit sur les affiches et les
écrans, comme une injonction à changer de vie, d'habitudes, de références,
de pays... Au seuil de World V, le nouveau monde délocalisé prévu par le
mystérieux «Charlemagne», cela peut être la métamorphose aussi bien que
l'abandon ou le reniement. On ne sait pas. Mais le concept éclaire la vie ou
la mort des personnages qui peuplent La Grande Intrigue.
Greg rencontre Clara, ancienne confidente de «Charlemagne». C'est
d'abord une belle histoire d'amour, et puis cela se transforme (turn !) :
le jeune homme découvre en lui une puissance de jalousie destructrice.
Dans le même temps, Nicolas, son père, parti faire de l'urbanisme en
Afrique (turn !), entame une aventure avec une nommée Anne-Lise. À l'inverse
de l'histoire naïve et sincère que vit son fils, c'est une relation
empreinte de défiance entre deux personnes dites «adultes», plus ou moins
désillusionnées. Dans quelle mesure sommes-nous capables d'amour ?
Cependant François Rubien, l'ancien vétérinaire de Villefleurs, est
mort en 2009. Emmanuelle, une des soeurs de Nicolas, va se réinstaller
dans la maison provinciale de la famille, à Vernery-sur-Arre, peut-être pour
préserver tant bien que mal un lien entre passé et présent.
La Grande Intrigue finit ici - à moins qu'elle ne commence. Le
lecteur, lui, peut débuter là. Dans ce volume comme dans les précédents, la
chronologie est oubliée : les morts et les vivants, l'origine et le turn, l'advenu
et l'avenir se font miroir, réfractant les métamorphoses de notre temps.