L'expédition des Argonautes, la magicienne Médée, la chevauchée de Phrixos et Hellé sur un bélier à la toison dorée par Hermès, ont inspiré des oeuvres innombrables. Parmi elles, les commentaires alchimiques de ce tronc commun qu'est le mythe grec de la Toison d'Or représentent une branche originale, elle-même très ramifiée ; ils nous révèlent un aspect passionnant de l'imaginaire ésotérique occidental.
Cette étude est la première à aborder dans leur ensemble les interprétations alchimiques de la Toison d'Or. Elle s'ouvre sur celles qu'en donnèrent des auteurs byzantins, se poursuit avec l'examen des rapports unissant une symbolique du Grand Oeuvre et l'Ordre de chevalerie fondé par Philippe le Bon, puis montre comment l'intérêt de la Renaissance pour la mythologie favorisa les lectures hermétiques de cette histoire. C'est seulement au XVIIe siècle, avec Guillaume Mennens puis Michael Maier et une littérature de type rosicrucien, que s'épanouit une véritable herméneutique du Bélier d'or et de Jason. Celle-ci connut au siècle des Lumières une fortune singulière, notamment en Allemagne, avec des commentateurs comme Hermann Fictuld et Ehrd de Naxagoras dont les méditations sur Toison d'Or et alchimie s'épanouissent en discours théosophiques - tandis qu'en France l'exégèse de Dom Pernety reste plus rigoureusement « opérative ». L'enquête se termine sur la « cabale phonétique » de deux Adeptes au XXe siècle, Fulcanelli et Eugène Canseliet.
Un choix de textes, une note consacrée à la présence de la Toison d'Or dans les rites maçonniques, et un ensemble de documents iconographiques, complètent l'ouvrage.