L'enfance est un lieu. Pour chacun de nous elle est une Ithaque. Et la poésie est certainement cette barque qui nous y ramène. « Tombées des lèvres », deux petites filles, Anna Livia et Tosca, autorisent Sylvie Fabre G. à de nouveau aborder ce territoire où l'oiseau qui prend son envol prolonge l'irrépressible poussée de vie qui a fait grandir l'arbre. Se souvient-on de la rupture augurale de cette entrée dans le monde ? Quels sont les mots échangés qui nous ont donné la confiance dans le plein de l'existence, malgré la douleur de l'arrachement ?
Car ce sont aussi les paroles qui s'échappent et qui sculptent l'âme de l'enfance, ces paroles primitives et aimantes nées du vent dans les branches. Ces paroles que la poésie, fille de l'enfance, sait prononcer, mystérieusement, malgré la mort.