Utiliser son vécu pour écrire, composer, va de soi, mais je me sentirais bien
limité si c'était là mon seul carburant, si ma mécanique interne n'était pas
alimentée par d'autres combustibles. Il m'a toujours fallu en passer par les
disques des autres pour renouveler le débat, éviter de piétiner les mêmes
plates-bandes d'un album à l'autre. Les chroniques que j'écris rendent compte,
sans la solder, de la dette ainsi contractée et, allons-y pour les grands mots,
de ma gratitude envers d'autres artistes. Accessoirement, elles se font aussi
l'écho, en parallèle, du work in progress qui préside à chacune de mes
tentatives.
Dominique A chroniqueur, reste une facette méconnue de l'artiste.
En fin observateur, il saisit, dans ses recensions musicales et littéraires
pour Epok, TGV magazine, les Inrocks ou Le Monde des livres, la création
de son temps, marquant une nette préférence pour les seconds
couteaux. Par ailleurs, le journal de ses tournées et ses autocritiques
- un retour sur ses propres albums - montrent combien, avec un
regard curieux et amusé, l'écriture est au coeur de son existence.