L'élection triomphale d'Ariel Sharon au poste de Premier ministre d'Israël est à première vue incompréhensible. C'est la réponse spectaculaire d'un peuple confronté à une mise à nu identitaire, politique, éthique et religieuse.
Depuis que le conflit israélo-palestinien a pris la forme d'un face à face direct, les commentateurs ne se sont plus intéressés à la société israélienne. Pourtant, c'est un pays en pleine mutation, dont les transformations récentes expliquent la relative sérénité avec laquelle les Israéliens, juifs et arabes, ont réagi dans un premier temps au sommet de Camp David.
Ehud Barak avait alors courageusement fait des concessions maximales pour obtenir «la fin du conflit», ce souhait quasi consensuel. Le «non» historique d'Arafat, le déclenchement de la guérilla El Aqsa, les exigences des Palestiniens ont alors constitué le premier «bas les masques» d'une longue série.
A leur tour, les Israéliens, tous les Israéliens, ont été obligés de sortir de leurs rêves, de leurs mythes fondateurs et de répondre à des questions dont l'espoir de paix les avait dispensés. Sont-ils prêts à renoncer à leur souveraineté sur la ville au cœur de leurs prières ? Sont-ils des occupants ? Veulent-ils conserver un état démocratique juif pour les juifs ou une démocratie laïque pour tous les citoyens ? Les Arabes israéliens sont-ils une «cinquième colonne» ?
Reflet d'un pays et d'une réalité, ce livre, riche en témoignages de protagonistes connus ou inconnus, est également le portrait fouillé et inattendu d'Ariel Sharon, qui permet de comprendre l'itinéraire qui l'a conduit de la visite au Mont du Temple au fauteuil de Premier ministre. Avec cette interrogation majeure : pour quoi faire ?