Épilation, «labioplastie», excision, autant de sujets d'indignation ayant
suscité cette apostrophe.
Au bas du ventre des femmes la vulve, puisqu'il faut l'appeler par son
nom, est le plus original, le plus élaboré, le plus personnel des organes
génitaux femelles, au sein de la lignée mammifère. Le plus richement
complexe des organes externes humains. Un mirobolant prodige
biologique. Forgé par sept millions d'années d'évolution. Il est néanmoins
l'organe le plus occulté, le plus mal décrit, le plus mal représenté. Et aussi
le plus méprisé, le plus injurié, le plus agressé. Tous ses constituants,
sa décoration pileuse, ses grandes et petites lèvres, son clitoris, ont pu
subir, subissent encore couteau, ciseaux, rasoir, couture. Son odeur même
se fait censurer. Aucune autre partie du corps humain ne subit pareilles
avanies, pareil discrédit.
Faisant autorité dans la description anatomique et physiologique des
organes génitaux externes féminins, Gérard Zwang entonne ici un vibrant
plaidoyer en faveur du respect absolu de ce legs imprescriptible. Il incite
chaque femme vivant sous nos climats à révérer dévotieusement le trésor
que lui a offert Dame Nature : au seuil de l'asile vaginal, siège de l'étreinte,
cette bonne mère l'a dotée d'un luxueux portique, aussi singulier que son
visage. Qu'elle ne l'altère jamais. Mais qu'elle soit fière de cet emblème
de féminité, et de sa configuration particulière, qui confère une note
personnelle à ses charmes secrets : «c'est moi qui ai le plus beau !»