Aïgui est décédé le 24 février 2006. Toujours plus loin dans les neiges est son dernier livre. Et c'est une sorte de livre des adieux. Il y atteint à la plus haute simplicité. Il y marie avec une maîtrise extraordinaire l'abstraction au concret le plus quotidien. Et avec ce lexique épuré et réduit il obtient une extrême musicalité du vers, des mouvements rythmiques chaque fois renouvelés. Même son système de ponctuation si original (à la fois rythmique, mélodique et sémantique) est employé ici de manière presque ascétique.
La clé de ce cycle me semble être cette expression qu'il emploie dans un poème dédié à un ami peintre dont il dit que ses tableaux sont « de plus en plus hautement terrestres ». Elle s'applique admirablement à Toujours plus loin dans les neiges.
Et c'est d'emblée un sommet de la poésie du nouveau siècle (et donc du nouveau millénaire) qu'atteint ici celui qui a bouleversé la poésie de langue russe de la seconde moitié du XXe siècle.