Tous nos hiers
Ippolito tapait à la machine les mémoires que leur père dictait en se réjouissant du bon tour qu'il jouait au roi, à Mussolini et aux « crapules » fascistes. Concettina ne cessait de changer de fiancé, et Giustino disait à Anna qu'elle était trop laide pour
pouvoir songer à se marier. Tous les quatre épiaient leurs jeunes voisins de derrière la haie. Ils recevaient de grandes boîtes de
chocolats d'un ami de leur père, Cenzo Rena. Et madame Maria évoquait les splendeurs du passé. Mais tout ça c'était avant. Avant d'être engloutis par les deuils, les vilénies du fascisme et le vacarme de la guerre. Avant que ces années-là ne deviennent
« tous leurs hiers ».